Demain, 4 octobre 2007, nous fêterons les 50 ans du premier satellite artificiel de la Terre. En 1957, c'est donc
Spoutnik, le satellite soviétique devenu célèbre dans le monde entier, qui ouvre l'ère spatiale. Oh, il ne vivra pas longtemps là-haut (même pas un an), mais après lui viendront d'autres Spoutnik, d'autres satellites, de plus en plus gros, de plus en plus loin, de plus en plus puissants.
Cinquante ans ont donc passé depuis cet "exploit" des soviétiques, cette humiliation des américains, ce début de l'aventure. Et cinquante ans c'est à la fois peu et beaucoup. A l'échelle des temps géologiques, oui forcément c'est rien, ou presque. Non, c'est vraiment rien en fait. A l'échelle de l'Histoire humaine, 50 ans c'est pas grand chose non plus. Il faudra comparer ça à la durée de l'Empire Romain, ou au temps qu'il fallait pour construire les cathédrales. Mais en même temps on commençait à s'habituer à ce que les années passent avec l'accélération des progrès technologiques, à ce que dès qu'une invention apparaissait, son application à large échelle ne soit qu'une affaire de quelques années. On s'imaginait, dans les années 60, courir en combinaison sur la Lune à l'horizon 2000. On imaginait les hôtels spatiaux, les voitures volantes, les visiophones partout...
Qu'en est-il donc de ce progrès promis? Cinquante ans après le lancement de cette petite sphère de métal primitive de 83kg, sommes-nous sur la Lune? Allons-nous visiter Mamie avec notre voiture volante? Non. Comme le disait
Burt Rutan, on se traine, et même on régresse, en tout cas dans le domaine de la conquête du ciel et de l'espace. Ceci dit, il faut voir quand même que les progrès du début ont été fulgurants, probablement la plus grosse accélération d'idées et de technologie de l'Histoire Humaine. Prenons du recul, et calculons. 1957. 1969. Douze ans. Il n'a fallu que douze ans entre le premier satellite et l'empreinte de pas sur la Lune. En France, en douze ans, on n'a à peine pu passer du prototype du Rafale à sa mise en service... 1961. Un mec, né d'ailleurs le même jour que moi (mais pas la même année, hein!) posait ses fesses au sommet d'une fusée pour être le premier homme en orbite. Encore un soviétique, pour le coup, et une vilaine moue du coté de l'Oncle Sam...
Les prospectives sont ainsi toujours hasardeuses. Forcément, on se base sur les données disponibles au jour de leur élaboration. Et on n'imagine forcément pas l'inimaginable. Et donc l'avenir est tel que nous le faisons, jour après jour, dans les projets, dans les décisions de tous les jours, dans les envies, dans les défis. L'Amérique d'aujourd'hui semblait s'être lancé un défi pour relancer l'avenir, à savoir retourner sur la Lune pour de bon cette fois. Parce que la première fois, c'était vraiment pour le fun, le prestige, le nationalisme. Sans intérêt commercial, les vols vers notre satellite naturel se sont vite arrêtés. Mais finalement peut-etre qu'il y a quelque chose à en tirer... Il y a en tout cas toujours quelque chose qui grandit l'Humanité quand elle décide d'aller de l'avant, de se défier elle-même, de dépasser la frontière de notre ignorance. Il y a quelque chose à en tirer, peut-être pas mesurable en dollars, en tout cas pas tout de suite, mais c'est comme ça que la civilisation évolue.
Quoi qu'il en soit, il y a cinquante ans, c'est un automate qui mettait la preuve de l'existence de l'Humanité dans l'Espace, en orbite. Aujourd'hui, les preuves qu'un jour, sur une petite planète tournant autour d'une étoile moyenne, une vie intelligente a existé sont des robots. Evoluant au plus loin de leurs géniteurs, les sondes Pioneer et Voyager s'enfoncent toujours de plus en plus loin dans l'Espace. Sur Mars, les deux robots Opportunity et Spirit arpentent le sol de notre voisine jour après jour. Le débat de l'Homme dans l'Espace est toujours un débat animé, opposant les pour et les contre à coup d'arguments rationnels, financiers, scientifiques... Mais il n'empêche, les rêves n'ont que faire de la rationalité, des finances ou de la science... Il faut encore espérer que ce sont des rêves qui font l'avenir...
PS : A noter, samedi 6 octobre, sur Arte, une soirée "
Les années Spoutnik"...